Message de Monseigneur Louis de Bourbon, Duc d'Anjou
Chef de la Maison de Bourbon
à l'occasion de la messe en mémoire du roi Louis XVI,
célébrée en la Chapelle expiatoire à Paris.

Chers Amis,
Avant de commencer mon message, permettez-moi de dire quelques mots à la mémoire
de M. le duc de Bauffremont qui vient de nous quitter. Durant plus de soixante ans il s’est
consacré, corps et âme, à la cause de la royauté légitime. Il a été au côté de mon grandpère,
puis de mon père et depuis 1989 auprès de moi, j’ai pu constater combien sa fidélité
était à toute épreuve. Il savait braver les tempêtes et assurer la continuité de l’action. La
cause de la monarchie lui doit beaucoup à travers tout le travail qu’il a accompli. Je redis
à ses enfants et à toute sa famille, combien ma peine a été profonde en apprenant
l’élévation au ciel, de celui qui ne pouvait concevoir le service du roi sans celui vis-à-vis
de Dieu. Qu’il repose en paix et demeure dans vos prières à vous qui savez aussi être
fidèles.
Une nouvelle fois, merci de votre fidélité. Elle trouve sa source dans le souvenir du Roi-
Martyr et se développe dans l’espérance que vous mettez en l’avenir de notre Pays.
La France, comme en 1793, parait de nos jours bien malade. Depuis des années une crise
la ronge en la faisant douter d’elle-même puisque chaque jour on l’appelle au reniement.
Il faudrait qu’elle oublie les gloires de son passé, qu’elle oublie la grandeur de son
histoire ? Elle se devrait d’être en repentance ? Mais de quelle repentance pourrait-il
s’agir ?
Regardons le règne de Louis XVI qui, à lui seul, synthétise tous ceux qui l’ont précédé. Pour
la gloire et la grandeur du pays, mises à mal par le Traité de Paris, il a su, mettre un frein
à la puissance anglaise, en privant la couronne britannique de ses colonies américaines et
en créant le port moderne de Cherbourg ; en matière de « justice sociale » expression qu’il
fut le premier à utiliser, Louis XVI prôna la réforme fiscale ; pour tenir compte des
évolutions de son temps il reconnut des droits aux Protestants et aux Juifs; dans le
domaine scientifique, il encouragea les recherches les plus novatrices de l’aérostation à la
machine à vapeur et à l’expédition de La Pérouse; pour améliorer les conditions de vie des
« exclus sociaux » du temps il soutint les oeuvres en faveur des sourds-muets et des
aveugles. Oui son règne a été grand notamment par ses innovations. Il le fut car il était
animé par la promesse qu’il avait faite lors de son sacre, celle du décalogue. Le roi très
chrétien, le fils aîné de l’Eglise, avait comme objectif d’assurer le bien commun de ses
peuples et le salut des âmes. Voilà en quelques mots, résumé, le programme des Rois.
Cela ne vaut-il pas mieux que toutes les explications peu crédibles et tentatives peu
convaincantes tant elles sont loin des réalités, de nos gouvernants contemporains.
Le testament de Louis XVI, relu après la messe, est empreint de Vérité, Vérité absente du
langage politique actuel, ni vrai ni juste. L’ensemble du Testament reflète ainsi cette
humilité du Roi qui ne cherche nullement à se justifier devant les hommes, mais s’en remet
à Dieu, vrai souverain et vrai juge. Ne pas se tromper de valeur et rester en cohérence
avec sa conscience. Ainsi, le premier reproche à adresser à la révolution et à la république
naissante, est d’avoir inversé le sens des mots. La Liberté a supprimé les libertés ; la
société ancienne reposant sur les solidarités a été peu à peu sacrifiée à tous les égoïsmes
et à l’individualisme alors même qu’étaient prônées l’égalité et la fraternité. Deux siècles
après Louis XVI, la société n’a jamais été aussi éclatée. Elle est à reconstruire !
Alors, continuons à honorer la mémoire du Roi-Martyr, et sachons pour l’époque dans
laquelle nous vivons, en retirer toutes les leçons. Sachons, nous aussi, concilier la tradition
et le progrès. Sachons donner du sens à nos actions. Comme Louis XVI pensons à nos
compatriotes et sachons par ce que nous portons et représentons leur redonner espoir
et leur rappeler les principes qui doivent régir la société humaine. Nous ne devons pas
être des nostalgiques d’un ordre ancien qui ne reviendra pas, mais, au contraire, nous
devons être les artisans d’un monde nouveau qui attend beaucoup de l’exemple de ce que
fut la royauté française et ses réussites. Si l’histoire ne se reproduit pas, en revanche, elle
peut apporter des recettes. Les deux principales qu’il faut retenir en ce début d’année sont
la place centrale reconnue à l’homme de la naissance à ses fins dernières et le sens du Bien
commun. Disons non à toutes les manipulations et travestissements de la vie naturelle.
Disons non à la société individualiste et à ses excès depuis qu’elle a perdu le sens des
autres tout en proclamant le contraire. Disons non au mensonge.
Cela c’est à chacun de nous qu’il appartient de le faire. Il faut savoir s’engager dans nos
vies professionnelles et familiales. La société ne se réformera que si nous savons, les uns
et les autres prendre nos responsabilités et, pour les chrétiens, être fidèles aux promesses
de notre baptême. N’est-ce pas le symbole du sacrifice de Louis XVI, il faut savoir dire
non si nécessaire quand notre conscience nous le demande.
Au-delà de ce message, je souhaite, malgré les nuages amoncelés sur nos têtes, à vous tous,
à vos familles, vos proches, une bonne et sainte année 2020 sous la protection de sainte
Jeanne d’Arc.
Louis de Bourbon,
Duc d’Anjou
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